chalabre

C’était hier : A l’époque des fontaines



L’article mis en ligne avait été publié dans l’Indépendant, édition du mardi 6 janvier 1998. Le texte a été écrit sous la plume du regretté Robert Roncalli, qui donnait sa perception de l’utilité des fontaines publiques.

L’époque des fontaines avait aussi son charme.

C’était à Chalabre, il n’y a guère plus de cinquante ans. Chaque cours, chaque rue, chaque « barri » possédait sa fontaine. L’eau fraîche canalisée depuis les sources de nos collines y coulait généreusement toute l’année. Il y avait également, bâties au-dessus de leur puits, la Pompe Royale, cours Colbert, et celle de la Place du marché. Moyennant quelques vigoureux coups sur la barre adéquate, on pouvait y remplir broc et cruches. Plusieurs fois par jour, les femmes et les enfants s’y croisaient, y faisaient un brin de causette, pendant que le jet glougloutait mélodieusement dans le récipient. Au son de l’eau qui devenait de plus en plus aigu, on savait à peu de choses près où en était l’opération. Parfois le brin (de causette) « faisait des petits » et prenait du volume pour atteindre la dimension d’une meule. La discussion se transformait en débat contradictoire, il arrivait même que certains chignons soient malmenés. Aujourd’hui, c’est à cause de « la Marie d’Amont » que la dispute a éclaté. Elle prétendait monopoliser le point d’eau pour pouvoir mener à bien le laborieux et méticuleux nettoyage d’une grande bassine d’escargots baveux. Pendant ce temps, Jules rouspétait en crachant de colère et attendant son tour pour l’entretien indispensable de ses deux « barricots » de vin. Trois enfants faisaient un concours de saut à pieds joints dans la flaque formée par le débordement du trop plein, et riaient en éclaboussant de boue, trois femmes qui s’impatientaient avec leurs cruches vides en voyant s’approcher l’heure du repas de midi.

[fontaines de chalabre]

Ces fontaines, avec les abreuvoirs et surtout les lavoirs, jouaient en ce temps-là outre leurs fonctions vitales, hygiéniques et alimentaires, le rôle tenu de nos jours par les médias modernes. Le progrès est venu, les sources ont été remplacées par une station de pompage, l’établissement municipal des bains douches a fermé ses portes, la municipalité n’a plus de fontainier. Des techniciens spécialisés, d’éminents savants, nous mettent en garde contre le gaspillage. A Chalabre, onze fontaines publiques (seuls points d’eau gratuits concédés par la société d’exploitation) sont encore en état de fonctionnement. Il arrive d’y voir un peloton de cyclistes connaissant les lieux, y remplir leurs bidons. Parfois en été, un camping-car sentant bon les vacances s’y arrête pour refaire le niveau des ses réservoirs. Il est fini le temps de la pénible corvée d’eau !


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« Brulou de vin », de grand-père en petit-fils

« Brulou de vin », de grand-père en petit-fils
Après une courte pause, Aristide reprendra sa tournée à Puivert.

aristide et romain peyronnieAristide et Romain, unis par un savoir-faire familial qui se perpétue.

Après Villefort, après Sonnac-sur-l’Hers, et avant Puivert, Aristide vient de s’accorder une petite semaine de repos, pour laisser souffler cols de cygne, serpentins et cucurbite, remisés à l’abri sous l’enseigne des Vergers de la Galante. Une courte pause pour notre citoyen de Massat, expert en distillation et fidèle à la tâche, après soixante-sept années de « chauffe ». Une constance impressionnante au service de bouilleurs de cru tout aussi fidèles, sous n’importe quel ciel, et n’importe quelle température. Et cette année, l’homme aux mille élixirs s’est adjoint les services de Romain, son petit-fils, lequel maîtrise déjà et parfaitement, toutes les subtilités du métier de « brûleur de vin ».

De « al khôl » à alcool Tout comme avait pu les apprendre Aristide, conscrit au début des années 1950 sur les rivages tunisiens de Carthage. Pendant que la cucurbite monte en température, Aristide raconte comment l’invention de l’alambic et du principe de distillation, furent élaborés il y a mille ans, par le peuple arabe. Les premiers alambics servaient à fabriquer le fard à paupières, connu sous le nom de « khôl ». Quand ils commencèrent à distiller le vin, les créateurs allaient garder le même nom « al khôl », la chose subtile.

aristide et romain peyronnie

Malgré le temps qui passe, le prix du baril de « gnole » reste stable.

Goutte après goutte, les serpentins laissent filtrer la chose subtile, et Romain surveille l’alcoomètre, qui trempe son ventre gradué dans un liquide d’une parfaite limpidité. Le petit-fils d’Aristide tend un gobelet vers les bouilleurs, puis les sourires s’affichent au coin des lèvres, humectées d’un « riquiqui » des plus exquis.

aristide et romain peyronnie

Romain prépare la cucurbite pour une nouvelle « chauffe ».

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